Il m’est apparu lors d’une des nombreuses méditations et auto-hypnoses que je fais en ce moment (pas par choix, vous verrez) que peut-être il serait intéressant de partager ce que je traverse. En ce moment, peut-être mais aussi depuis toujours. Il ne s’agit pas là d’une complainte ni de complaisance, mais plutôt d’une part d’un message qui permettra peut-être aux gens comme moi de mieux se comprendre, à leur entourage de mieux les comprendre, et aussi, il me semble qu’il constitue un message d’espoir en mettant en exergue toutes ces “faiblesses” et “handicaps” qui font de nous des êtres forts et bien courageux. Les ressentis de chacun sont différents mais je vous invite à prendre du recule sur votre vie et à voir tout ce que vous avez réalisé, comme je le fais ici, malgré tout ce que vous avez en vous et qui vous retiens.
Un peu d’histoire
Pour commencer, je ne sais pas si vous me connaissez donc une présentation rapide s’impose : je m’appelle Franck, la quarantaine. Depuis tout petit je suis bizarre. Entendre par là que je ne suis et/ou ne me sens pas normal. Les autres ont des centres d’intérêt qui m’ennuient profondément, et seules les personnes bien plus âgées m’intéressent. Je porte plus fois en ce que je vois qu’en ce que j’entends. Le non-verbal et une forme de télé-empathie me semble être le moyen de communication le plus sûr. Je ne sais pas d’où cela me vient. Ajouter à cela des migraines et douleurs physiques quasi permanentes, une hypersensibilité accrue (qui me font craindre le toucher, le bruit, la lumière etc).
Tout est sombre autour de moi et j’ai beau comprendre plus tard que c’est le regard que je porte sur les choses qui rend tout sombre, cela ne change pas grand chose. J’ai beaucoup de mal à supporter la décadence complaisante dans laquelle l’humanité s’est installée et qui est devenue normalité. Et puisse que je ne comprends pas, je me sens nul. J’ai un besoin vital de comprendre les choses.
Vers 18 ans apparaissent les crises d’angoisse. Je n’aimais pas particulièrement sortir, la foule etc. maintenant je ne peux plus du tout supporter. Excuse parfaite, mais franchement déplaisante.
Je suis nul à l’école, je ne comprends pas les autres, et je ne crois pas qu’il y ai quoi que ce soit en quoi j’ai brillé. J’aime bien la spiritualité même si assez vite je ne comprends pas la stigmatisation chrétienne. Pourtant le coté sacrificiel me plait bien. Je m’essaie même à la scarification en 6ème puisque les larmes ne font plus rien. Heureusement je comprends vite que ça ne sert pas plus que de pleurer.
Malgré mes difficultés, j’apprends à passer pour un normal. C’est un long processus. Je suis comme tout le monde même si je reste assez nul, marginal. J’arrive quand même à avoir un bac+5.
Ce qui ne me passionne pas m’ennuie profondément. Et mes passions changent rapidement. Dès que j’ai fais le tour d’un sujet (bien souvent en le survolant mais en comprenant quand même l’essence) j’ai envie de passer à autre chose.
Je pratique les arts martiaux depuis que j’ai 5 ou 6 ans. Je pense que ça m’a aidé à une époque (à l’adolescence) en me donnant confiance en moi. Je ne voyais plus les agressions extérieurs comme des agressions. Je “gérais”. Ça m’a aidé tout au long de ma vie, mais… je pense qu’une partie des arts martiaux nous dessert… On nous apprend des principes. On nous fait “croire” que la vie pourrait être vertueuse et les rapports respectueux, que l’entraide existe etc. et si ça n’est pas le cas, on règle ça sur le tatamis (je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi je devais taper sur des enfants qui ne m’avaient rien fait…. exit la compète).
Mais dans la vraie vie, dans la vraie civilisation, une personne vertueuse n’a aucun moyen de s’en sortir face à une majorité malveillante et surtout face au nombre incroyable de pervers narcissiques. Le pire, je crois, c’est de voir, de subir, ou de voir d’autres subir sans pouvoir agir.
Mon état actuel.
Le monde du travail a toujours été d’une rare violence pour moi. Pas d’exemple à suivre, des attentes trop hautes, et une difficulté à caméléoniser la médiocrité (aussi bien que le talent d’ailleurs, malheureusement).
J’exècre depuis toujours l’absence de sincérité et d’authenticité. Les violences verbales, non-verbales ou directes m’atteignent physiquement. Je somatise très rapidement.
Je fais mieux semblant, j’ai même réussi pendant plusieurs années à stopper les crises d’angoisse et à aider les gens à faire pareil.
Ayant perdu toute confiance en moi depuis mes 18 ans, je me sent incapable de faire quoi que ce soit de bien (depuis toujours d’ailleurs).
Peut.Mieux.Faire.
Puis récemment, alors que les choses semblaient aller un peu mieux (un chef qui comprend mon profile et essaie de proposer des solutions logiques), rattrapé par les changements de ma vie perso et pro, sur la brèche depuis plus de 4 ans, tout s’effondre : je ne dors plus, je refais des crises d’angoisse, je perds pied… Je culpabilise pour ma famille, pour ma femme qui est enceinte, pour mes collègues. Mais je finis par demander un arrêt de travail.
Ca ne m’était jamais arrivé.
Je recommence à prendre un traitement (ce que j’ai toujours évité à tout prix). Pour le moment ça m’aide à tenir et petit à petit à aller mieux. Je recommence à dormir et faire quelques activités.
Le but de cet article
Pourquoi je raconte tout celà.
- Combien y a t’il de gens parmi vous chers lecteurs qui vont chaque jour travailler avec l’angoisse au ventre ?
- combien d’entre vous qui luttent chaque jour pour se lever, pour se motiver, trouver un intérêt à ce qu’on leur demande de faire et qui n’a plus de saveur depuis si longtemps.
- combien d’entre vous on dû rentrer chez eux à pied, parfois tard la nuit, sous la pluie, pendant des heures, parce qu’ils n’arrivaient plus à monter dans les transports?
- combien d’entre nous n’ont tellement plus confiance en eux qu’ils mettent parfois plusieurs jours pour envoyer un simple mail déjà rédigé.
- combien d’entre nous ont peur d’aller chez le coiffeur, en courses, de répondre au téléphone etc .
- combien d’entre nous passent leurs nuits à faire des exercices de respiration pour repousser l’angoisse, les peurs etc.
- ou on le cerveau qui analyse pendant des jours et des nuits un discours qu’ils ont vu et qui leur a paru faux ?
Cette liste pourrait continuer indéfiniment.
Toutes ces choses que les normaux font sans même y penser et qui est un combat permanent pour nous.
Avez-vous déjà souffert pendant une semaine d’un mal de tête même léger. On ne pense qu’à ça. Imaginez que ce soit le cas en permanence ?
Que chaque bruit, chaque lumière, chaque touchers soit une souffrance ou une agression.
Je m’appelle Franck, j’ai la quarantaine.
J’ai mis longtemps à parler, à comprendre mes semblables, à m’adapter.
J’ai un bac+5 et travaillé dans l’intelligence artificielle (la conscience artificielle pour être plus précis), je suis allez vivre 8 mois en Chine.
J’ai été agriculteur, travaillé à la ferme, dans un haras de cheval, j’ai été ébéniste menuisier charpentier couvreur, un peu maçon.
Puis j’ai été à l’entretien dans une entreprise industrielle, puis agent de maintenance, puis au support informatique dans cette même entreprise.
J’ai été prof d’informatique et assistant technique. Chaque fois que j’allais donner un cours c’était avec les jambes flageolantes et à la limite du malaise vagale.
Pareil pour les cours d’arts martiaux que j’ai suivis puis dispensés et où je suis toujours allé la peur au ventre et les jambes en coton.
Pareil pour les multiples démonstrations d’arts martiaux, dont plusieurs fois à Bercy devant des millions de télespectateurs.
J’ai été et suis encore photographe et rédacteur de blogs, webmaster.
J’ai travaillé dans le monde la guerre économique et informatique en tant que support informatique, développeur, pentesteur (une sorte de hacker positif) et organisateur d’exercice de crise. Dans le monde de l’enseignement où j’étais développeur et médiateur. Puis au ministère de la justice, en tant que support N2 puis créateur/responsable de pole et un peu manageur.
Entre temps j’ai été coach de vie et hypnothérapeute. j’ai étudié passionnément le coaching de dirigeant, la conduite du changement, la psychanalyse, le management, leadership et les ressources humaines.
C’est environ à ce moment là que j’ai décidé de quitter mes lunettes de soleil pour apprendre à voir la vie en rose.
J’ai travaillé la spiritualité aussi. Beaucoup, toujours.
Aujourd’hui je suis à la Fédération de Tennis, entouré de gens brillants dans un monde hyper dynamique en tant que chef de projet. Mais j’ai remis depuis bien longtemps mes lunettes de soleil et voit la vie en noir à nouveau… Pas tout heureusement, mais presque. Je me suis aussi remis en position base, en mode “no brain”.
Et je suis depuis peu en arrêt maladie, complètement cramé. La vie n’est pas tendre et elle l’est encore moins pour les gens comme nous.
Mais lorsque je regarde tout ce que j’ai fait à 40 ans, tout ce que j’ai fait alors que je peinais même à marcher (littéralement) et à faire chaque tâche (même à ne rien faire en fait) de chaque journée, à combattre à chaque instant…
Il y a bien sur beaucoup de faiblesse dans tout ce que j’ai décris ci-dessus. Et vous avez surement votre propre liste. Et il y a toujours ce regard sombre sur les choses. Et le regard, les paroles et les pensées des autres.
Mais il y a aussi, je crois, une grande force qui se cache derrière tout ça. Beaucoup des gens qui m’ont côtoyés ne se doutent même pas de tout cela.
J’ai eu des moments de grâce et j’espère que j’en aurais encore, de plus en plus. La vie continue. J’espère rapidement trouver un équilibre qui me permette enfin de profiter pleinement de toutes les belles choses qui font ma vie. Sans souffrance, sans (trop de) peur, sans peine. Arrêter d’essayer de fuir sans cesse tout ça.
Être heureux est un choix. Mais notre esprit ira toujours sur le petit point qui fait mal, pas sur tout le reste qui va bien. Alors faut-il tout résoudre ? Le peut-on seulement ?
En tout cas, on se sent peut-être super merdique, surtout quand on regarde les choses au jour le jour. Mais lorsqu’on voit tout ce qu’on a fait envers et contre tout, on devrait être fier et percevoir l’immensité notre courage. On devrait savoir que rien ne peut nous arrêter qui soit en dehors de nous.
Si on était un peu mieux identifiés et compris on irait surement beaucoup plus loin, mais ça fait partie de la formation de super héros que d’en chier. Enfin je crois. Il faudrait juste que ça s’arrête au bout d’un moment.
Bref j’espère que cet article vous aura un peu aidé. On a tous nos démons, des milliers d’excuses aussi, certains plus que d’autres (mais se comparer est naze), des ressentis très différents. Y faire face, continuer à avancer… ça c’est balaise. Se conforter dans la médiocrité alors qu’on n’a pas tout ça, c’est criminel… Bref.
Je vais finir par une citation qui m’aide beaucoup :
“Je sais que tu es fatigué mais viens, c’est le chemin.” Rumi.
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