Avez-vous remarqué comme il devient difficile de lire un article en entier ? Aller sur un site, acheter un magazine, et vraiment le lire. Aller chercher de l’information, passer du temps dessus. Regarder une image ou lire un poème… ou même goûter un plat. Essayer de comprendre son histoire.
Avec les réseaux sociaux, nous sommes submergés par une tonne d’information pas vraiment sollicitées, qu’il est si facile de survoler. Et il devient important de prendre part à ce débordement d’information en postant, postant, postant.
Il est plus que jamais nécessaire, aussi bien en tant que créateur qu’en tant que consommateur, de prendre conscience de notre rôle dans tout cela. Et si nous ne sommes pas en accord avec ce que cela génère, de nous rebeller et de reprendre le contrôle.
Prenons par exemple un blog comme celui-ci. Il faudrait :
- préférer la qualité à la quantité : plutôt que de poster tous les jours; toutes les semaines ou tous les mois, toutes les photos, en ayant au final pas grand chose à dire, être vraiment sélectif, ne publier que ce qui fait sens, que si nécessaire. Comme c’était le cas pour Eveil&Vous,
- Avoir une ligne éditoriale et s’y tenir,
- Permettre à nos abonnés de sélectionner la catégorie qui les intéresse pour ne pas être submergés d’informations qui ne les intéressent pas. De la consulter dans leur outil favoris.
- etc.
Je trouve que bon nombre d’outils perdent aujourd’hui leur utilité car tout est utilisé comme twitter, reddit et j’en passe. Je survole, je like si j’apprécie (souvent la photo, pas le texte qui va avec) ou si ça fait “bien” et je passe à autre chose. Ça entre par un œil et sort par l’autre ou alors cela glisse dessus sans entrer.
Autre exemple : LinkedIn. Lorsque je me suis inscrit dessus, j’y ajoutais (c’est encore le cas) des personnes que je trouvais intéressantes, ou des personnes avec qui je souhaitais rester en contact. L’idée était de voir comment ils évoluaient professionnellement, de les mettre en contact si cela pouvait les aider et pourquoi pas jouer les apporteurs d’affaire. Tout ce que l’on peut attendre d’un réseau professionnel.
LinkedIn a suivit le même phénomène que tout le reste. Survole, like, oublie, next. Les gens ne suivent plus, ne s’intéressent pas plus aux autres que sur les autres plateformes. Et ils ne pensent pas à vous lorsqu’il voit quelqu’un qui aurait besoin de quelqu’un ayant votre profile. Ou lorsque vous cherchez un emploi et que cela correspond exactement à ce qu’ils veulent. Vendre des services, paraitre et montrer son appartenance à un groupe. Voilà ce qu’est devenu LinkedIn. Liker les posts qui “font” bien sans s’y intéresser plus que cela.
Les gens attendent des autres quelque chose qu’ils ne sont pas eux même prêt à donner. Du temps, de l’attention, de l’intérêt. Et un simple merci global suffit à effacer la dette. “Pas de problème, tu aurais fait pareil pour moi”. Alors que dans les faits on sait bien que non.
Lorsqu’on voit qu’une once d’intérêt, qu’un partage, qu’un commentaire pourrait faire tellement ! Mais non. On lit on like, et on a l’impression d’avoir fait sa BA. Ou on s’étonne de n’être au courant de rien alors qu’on ne demande pas.
Et ça n’est pas que sur internet. Avant il fallait voyager pour rencontrer, aller dans des magasins pour acheter, se déplacer et se mettre à la porté de l’autre pour apprendre. Maintenant tout est centré sur nous-même et pourtant nous n’avons jamais été autant décentrés. Tout vient à nous et ce qui n’y vient pas n’a pas de place dans notre vie. Ce qui ne se met pas à notre porté n’est pas digne d’intérêt. Peut-être qu’on cherche plus ce qui confirme ce qu’on pense que ce qui pourrait faire évoluer ce qu’on pense.
J’espère sincèrement que nous trouverons tous la force de revenir à quelque chose de plus naturel et de plus sain. De plus intéressant qu’intéressé. De plus d’intérêt, tout simplement. Cela nécessite peut-être de ralentir, de se poser, de réapprendre à intégrer. Et d’arrêter de dénigrer ceux qui le font déjà naturellement. Car survoler n’a jamais suffit à comprendre. Et si on ne prend pas en soi, on n’évolue pas, alors à quoi bon ? On insiste aujourd’hui sur la nécessité du silence, de la solitude. Et pourtant tout ce bruit, toute cette information inutile qui en devient insupportable nous aide peut-être à en comprendre la nécessité ? Au final l’information, c’est comme de la nourriture (alors que la culture c’est comme la confiture). Et on en vient à manger comme on surfe sur le web. Je me demande jusqu’où cela ira avant qu’il ne soit trop tard.
Et peut-être bien que je participe à cette sur information en publiant des articles déjà écrit 100 fois. En tout cas merci de m’avoir lu jusqu’au bout ! Et merci d’être venu visiter ce site, d’être là. Je suis persuadé qu’on peut y arriver, et qu’on peut aider nos enfants à suivre le même chemin en leur montrant cette voie plutôt qu’en s’en débarrassant en leur montrant un écran. Ce qui suppose que nous le lâchions, ce foutu écran. Mais je sais qu’on peut y arriver.
La photo de couverture est un graffiti réalisé par @claks_one au @spot_13.
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