Il m’arrive un “drôle” de truc que j’aimerais partager avec vous. Cela concerne ma vie privée mais aussi le processus créatif, donc je le partage sur mon blog. En gros, je suis en arrêt maladie pour surmenage depuis 2 mois maintenant (déjà). Je prends le super-combo que les psychiatres prescrivent dans ces cas-là, et que j’ai appelé le LSD = Lexomil, Somnifère et anti-Dépresseur.
Le surmenage

Je fais le malin mais, même si cela faisait plusieurs mois/années que j’arrivais à tenir sur le fil de la lame avec tous les outils que j’ai (auto-hypnose, reiki, Rescue, méditation, cohérence cardiaque et j’en passe, la fameuse résilience qu’on nous vend tant…), j’ai fini par perdre pied. Trop de pression. Je pense sincèrement que j’aurais pu en gérer beaucoup plus dans d’autres circonstances (et je l’ai déjà fait), mais là, j’ai été obligé de demander un arrêt.
Il a fallu pas mal de temps avant que les crises d’angoisses et les insomnies passent. Pour que j’arrive à nouveau à regarder un écran. Pas mal de temps pour que (très glamour) j’arrive à bouger un tant soit peu sans transpirer comme un fou (même si c’est encore présent lorsque je fais quelque chose qui m’aurait stressé habituellement). Pas mal de temps aussi (mais ça n’est pas fini) à arrêter de trembler comme un toxicomane en manque mais en permanence, avec un froid intérieur tellement intense…
Incapable de me reposer, mais aussi incapable de supporter la lumière et frigorifié en permanence, j’ai passé beaucoup de temps allongé sur mon canapé, à essayer de dormir, à cogiter, à méditer, à faire de l’auto-hypnose (je n’y arrivais plus depuis des mois mais ça a fini par revenir). J’ai assez vite compris que le Burn-out, c’est lorsqu’on évolue dans un environnement qui remet en question notre dignité, et qui met à défaut nos valeurs et principes (ce qui constitue notre identité). Je le savais, j’ai décidé d’arrêter de travailler pour quelqu’un d’autre que moi, quand je me suis mis à mon compte d’hypnothérapeute en 2017… et j’ai dû retourner en entreprise en 2020, travailler dans un système que je peine à comprendre et à trouver ma place et où clairement on ne me comprends pas (même si mes collègues et mon nouveau patron me comprenait enfin 🙏🙏).
J’ai aussi (surtout), pendant ce temps, résolu pas mal de choses de ma vie personnelle pour lesquelles je n’avais pas de solution jusqu’ici. Il n’y a rien de pire qu’un problème sans solution, et je n’avais, me semblait-il, que ça. Et ça s’accumulait, s’accumulait… Un raz-de-marée.
Bref, j’ai totalement perdu pied, les crises d’angoisses, longtemps disparues, sont revenues d’abord dans les transports, puis au boulot, et enfin chez moi, comme en 2012.
Frénésie créative
Alors lorsqu’on est chez soi et qu’on ne peut/doit/devrait littéralement rien faire, évidemment on cogite. D’autant que c’est un peu mon truc, la cogitation. Et lorsqu’on avance dans les problèmes qui nous prennent la tête depuis un certain temps, qu’on arrive enfin à avancer, il y a toutes ces choses qu’on rêve de faire depuis toujours mais qu’on n’a jamais le temps de faire, et on se dit : “pourquoi pas !? Si ça fait du bien”.
Si vous lisez mon blog vous le savez peut-être déjà, mais je vais le réécrire ici. Lorsqu’on commence la médication, il faut du temps pour que l’antidépresseur (qui ne signifie pas pour autant que vous êtes dépressif) fasse effet et, en attendant, on prend des anxiolytiques : lexomil, xanax etc. Et alors, il y a ce moment où tout devient relax plutôt cool, un peu euphorique. On arrête de s’énerver pour un oui pour un non et on stresse moins lorsqu’on fait des choses qui avant nous demandait quand même pas mal d’efforts. En vrai, on met juste en mode “Mute” le truc en nous qui flippe : d’où la transpiration (ou tout autres réactions physiques pour nous passer le message d’une autre façon que celle qui ne fonctionne plus).
En parallèle, il y a eu toutes ces annonces de sorties de nouveau matériel de Fujifilm et même si je ne pouvais pas voyager (sans même parler du fait que j’en suis physiquement incapable), ma femme étant enceinte (❤️) je ne pouvais pas bouger.
Je parle de ça car au bout d’un moment, j’ai enfin commencé à réussir à me reposer (tant bien que mal) et j’ai recommencé à avoir des envies… D’achats de matos photo pour commencer (c’est toujours comme ça 😂🙈). Et de revendre mon ancien pour ce faire. Alors lorsque j’ai un GAS (Syndrome d’achat de matériel), je prends mon appareil et je sors faire des photos.
C’est donc comme je le disais la phase euphorique du traitement LSD. On a l’impression qu’on va bien mieux, et qu’on va bientôt pouvoir retourner enquiquiner ces petits camarades au boulot. Et qu’on se croit capable de faire des choses, genre plein de choses.
Alors, pour tester, il y a quelques semaines je me suis lancé : j’ai commencé par faire un stage à l’Opéra de Garnier avec PhotoUp qui s’est très bien passé. Pas de crise d’angoisses en vue ni dans les transports ni après. Je ne connaissais pas les gens donc pas vraiment d’investissement social, et une chose que je voulais faire depuis longtemps : photographier l’Opéra Garnier. Puis, je suis allé me faire un petit restaurant avec un ami, puis une autre sortie photo, le tout en 8 jours.
Et entre temps (et encore depuis) j’ai pleeeeeeein d’idées de projets qui sont remontées, que j’ai depuis longtemps. Des nouveaux, aussi.
Sauf que voyez-vous, suite à ces 3 sorties, j’ai replongé dans un mal-être vraiment profond et une fatigue intense. C’était comme si le mois que je venais de passer n’avait servi à rien. Une semaine dans le noir, à trembler de ce froid intérieur, comme si j’étais complètement vidé. À ne plus supporter le bruit, la lumière, ni rien. Alors je me suis dis qu’il fallait que je limite le nombre de sorties. Je suis passé à 1 par semaine, en me disant que c’était plus raisonnable. Pourtant à chaque sortie (où je vais à Paris prendre des photos ou pour toute autre raison), je mets en gros 3 jours minimum à m’en remettre.
Pourtant c’est comme si j’étais pris de frénésie, j’ai toujours envie d’aller faire des photos, de faire plein de projets. Au début je pensais que, comme je sens que le bébé arrive, je ne pourrais bientôt plus faire tout cela. Alors j’ai cru que c’était pour ça. Mais en fait, je ne crois pas du tout que ce soit ça. J’ai d’ailleurs autant envie de faire de photos de bébé que le reste 🙂
Vendredi dernier j’ai passé une superbe journée photo + resto, et je suis retourné au restaurant le mardi… et là j’ai encore eu droit à 3 jours de migraines + angoisses, suivis de 3 jours dans le noir à dormir beaucoup, ou à attendre/cogiter. Ça fait 2 mois que je prends mon traitement, ça fait plus d’un mois que je dors mieux, même s’il y a des hauts et des bas. Et j’ai toujours cette fatigue incroyable qui entre en collision avec cette envie frénétique d’aller rencontrer du monde et faire des photos. De lutter contre ma timidité, comme si je sentais que tout était possible !
J’ai aussi (finalement) acheté un nouvel appareil, ça rebooste mentalement et j’ai toujours envie de l’utiliser. Mais à quel prix ?
Alors je suis content, j’arrive à faire des choses que je n’arrivais pas à faire avant. Est-ce grâce à l’entraînement et à mes compréhensions nouvellement acquises ou à cause du LSD, je ne saurais le dire. Ce qui est sûr, c’est que j’ai l’impression que chaque sortie m’épuise tellement qu’elle repousse mon rétablissement et mon retour au travail. C’est bon pour le moral mais pas très compatible avec un Burn-out.
Et je culpabilise un peu du coup de me sentir toujours aussi fatigué.
Bref, j’ai, comme beaucoup de créatifs, connu le syndrome de la page blanche. C’est fou comme souvent, quand on peut, on ne fait pas. Et lorsqu’on ne peut plus, on aimerait tant faire.
Alors qui que vous soyez, qui que nous soyons, la vie est trop courte, la santé trop précieuse : si, comme moi, vous avez des envies de faire et que vous le pouvez, arrêtez de trouver des excuses et profitez : faites. Rien ne nous assure que ce sera encore possible demain.
Et fuck les excuses.
3 Comments
[…] de faire une sortie photo par semaine en cette fin d’année, pour des raisons thérapeutiques, et parce que j’aime ça. Et cela a apporté pas mal de monde sur le blog. Mais la raison de […]
[…] bonheur que de rentrer chez soi après une bonne journée de travail (et oui j’ai repris) pour retrouver sa famille, et quel bonheur de le faire en faisant à nouveau des photos. En ces […]
[…] bonheur que de rentrer chez soi après une bonne journée de travail (et oui j’ai repris) pour retrouver sa famille, et quel bonheur de le faire en faisant à nouveau des photos. En ces […]